L’argousier – Une culture polyvalente et prometteuse

L’argousier (Hippophae rhamnoides L.) est une espèce remarquable qui provient d’Europe et d’Asie, où elle est connue et utilisée depuis des siècles.

Elle est mentionnée dans les écrits d’anciens érudits grecs comme Dioscoride et Theophraste. Dans la Grèce antique, l’argousier servait de remède pour les chevaux. Les feuilles et les jeunes rameaux étaient ajoutés à leurs fourrages pour favoriser une prise de poids rapide et rendre le pelage lustré, d’où le nom scientifique Hippophae de l’argousier, qui signifie « cheval » et « briller » (Rongsen, 1992).

Au cours de la dernière décennie, on a constaté un véritable engouement pour l’argousier, dont la domestication a été entreprise dans divers pays. Nombre de chercheurs d’Asie, d’Europe et, plus récemment, d’Amérique du Nord, s’intéressent au riche potentiel de cette espèce. La publication chinoise Hippophae a été lancée en 1988. En 1989, s’est tenu à Xian, en Chine, le premier symposium international sur l’argousier, suivi d’un deuxième, en 1993, à Novosibirsk en Sibérie. La Chine prévoyait également de tenir un atelier international sur l’argousier à Beijing, en décembre 1995.

La valeur nutritive et médicinale de l’argousier est encore peu connue en Amérique du Nord, alors que ses propriétés sont reconnues et exploitées depuis des siècles en Eurasie. La valeur médicinale de cette espèce est mentionnée dans un ouvrage médical tibétain (‘rGyud Bzi ) du huitième siècle (Li and Guo, 1989). D’innombrables récits expliquent les extraordinaires propriétés vivifiantes et nutritives de l’argousier. Selon les récits folkloriques et les rapports scientifiques, l’argousier est devenu un important produit médicinal et nutritif, en particulier en Russie, où on l’appelle « ananas de Sibérie » en raison de ses qualités gustatives et de l’abondance de son jus.

Une industrie de l’argousier s’est développée en Russie depuis les années 1940, lorsque des scientifiques ont commencé à étudier l’activité biologique de certaines substances produites dans les fruits, les feuilles et l’écorce de cet arbuste. La première usine de transformation des produits de L’argousier a vu le jour à Bisk. Ces produits étaient utilisés dans l’alimentation des cosmonautes russes ainsi que dans des crèmes offrant une protection contre les rayons cosmiques. La culture fruitière de l’argousier est assez récente en Chine, même si les utilisations traditionnelles dans ce pays remontent à des centaines et des centaines d’années. La recherche et l’établissement de plantations y ont été entrepris dans les années 1980, et plus de 300 000 hectares ont été mis en culture depuis 1982. De plus, on a établi 150 usines de transformation, où se fabriquent plus de 200 produits. Les boissons pour sportifs à base d’argousier « Shawikang » et « Jianibao » avaient été choisies comme boissons officielles pour les athlètes chinois qui ont participé aux Jeux olympiques de Séoul (Rongsen, 1992).

Les débouchés potentiels pour les produits de l’argousier sur les marchés nord-américains sont encore inexploités. Les conditions du climat et du sol en Saskatchewan sont parfaitement adaptées à la production de fruits de grande qualité. Le présent document contient des renseignements sur les utilisations et la valeur de l’argousier, ainsi qu’une étude du potentiel d’établissement d’industries de la production et de la transformation de l’argousier en Saskatchewan. L’information présentée est tirée d’une analyse documentaire approfondie et de discussions tenues avec les personnes actuellement impliquées dans l’industrie de l’argousier.

Biologie et diversité génétique

Le genre Hippophae appartient à la famille des éléagnacées. Selon des études taxonomiques récentes, il comprend cinq espèces, dont H. rhamnoides, elle-même constituée de huit sous-espèces (Rousi, 1971; Lian, 1988). L’aire de répartition du genre Hippophae s’étend entre 27° et 69° de latitude N et entre 7° de longitude O et 122° de longitude E (Rousi, 1971; Pan et al., 1989; Yu et al., 1989). Toutefois, parmi les cinq espèces du genre Hippophae, seule H. rhamnoides a une aire de répartition extrêmement étendue en Eurasie, couvrant la Chine, la Mongolie, la Russie, le Kazakstan, la Turquie, la Roumanie, la Suisse, la France, la Grande-Bretagne, la Norvège, la Suède et la Finlande. L’espèce croît sur les sommets et les flancs des collines, dans les vallées, dans les lits des cours d’eau, le long des côtes et dans les îles marines, en petits peuplements isolés, en peuplements purs couvrant de grandes superficies continues ou en peuplements mixtes, avec d’autres espèces d’arbustes et d’arbres (Yao, 1994). Les autres espèces appartenant au genre Hippophae ont une aire de répartition plus restreinte et se trouvent seulement en Chine et dans quelques pays limitrophes, le long de la chaîne de l’Himalaya (Rousi, 1971; Liu and He, 1978; Lian, 1988; Yu et al. 1989).

H. rhamnoides est généralement un arbuste ou un petit arbre de trois ou quatre mètres de hauteur. Il prend une forme arborescente lorsque seuls les bourgeons situés dans les parties supérieures de la plante germent et produisent des bourgeons latéraux. L’espèce est dioïque, c’est à dire qu’elle produit des fleurs mâles et des fleurs femelles sur des arbres distincts. C’est le vent qui assure la pollinisation. Les bourgeons floraux se différencient durant la saison de croissance précédente, si bien que la quantité de fruits produits dans une année donnée est influencée par les conditions de croissance au cours de l’année précédente. Les fruits se forment en masses très compactes sur des rameaux de deux ans (figure 1). L’argousier se multiplie facilement par semis ou par bouturage. Il tolère des conditions de croissance variables, qui vont d’arides à très humides, ainsi que des hivers froids. Même s’il préfère les sols sableux et neutres, l’argousier peut survivre dans des sols de pH variant de 5 à 9 (Schroeder, 1995) et il peut même croître dans des sols inondés par l’eau de mer. Il s’agit d’une espèce pionnière qui est souvent la première à coloniser les clairières, que ce soit sur des terres abandonnées ou incultes ou sur des îles rocheuses (Rousi, 1965; Yao and Zhu, 1985; Salo, 1989; Yiao, 1994). C’est une plante de plein soleil qui ne tolère pas l’ombre, souffrant même sous un couvert végétal épars. À l’instar de nombreux autres membres de la famille des éléagnacées, l’argousier a la capacité de fixer l’azote de l’air.

La diversité génétique est à la base de l’adaptation, de l’évolution et de la sélection des végétaux. L’argousier a une morphologie extrêmement variable, sa taille pouvant aller de quelque 50 cm et à plus de 20 m (Rousi, 1971; Yu et al., 1989; Yao and Tigerstedt, 1994). Des études phénologiques montrent une variation clinale très claire dans le rythme de croissance, la rusticité et la taille en fonction de la répartition géographique, c’est à dire qu’à des latitudes élevées, les saisons de végétation sont plus courtes et les plantes, moins hautes (Yao and Tigerstedt, 1995).

Les baies d’argousier peuvent être jaunes, orange ou rouges et de formes différentes : sphères aplaties, cylindriques, ovales, elliptiques ou variables. Dans la population naturelle, leur poids varie entre 4 et 60 g/100 baies selon le génotype, certains cultivars russes pesant même plus de 60 g/100 baies (Yao, 1994). Les choix de couleurs, de formes et de tailles qui s’offrent contribuent à accroître la valeur ornementale des plants. L’argousier est généralement pourvu d’épines latérales et terminales plus ou moins pointues, dont la densité et la forme varient considérablement au sein de populations naturelles. Des variétés sans épines ou presque sans épines ont été crées en Russie, en Mongolie et en Allemagne.

Des études réalisées à l’aide d’isoenzymes ont révélé une grande diversité génétique au niveau des espèces, des sous-espèces et des populations (Yao and Tigerstedt, 1993). Une analyse biochimique des baies de l’argousier indique qu’il existe aussi de grandes variations dans la teneur en vitamine C, en carotène, en flavonoïdes et en vitamine E entre les différents génotypes et les populations. La diversité génétique de l’argousier offre beaucoup de possibilités de croisements et de sélection, tandis que la variation clinale du taux de croissance, de la taille et de la rusticité peut servir de guide pour le transfert de semences et de plants ainsi que pour l’introduction de plants. Les phytogénéticiens peuvent utiliser cette information pour concevoir leurs propres programmes d’amélioration génétique, à la recherche du type idéal posséddant des caractères particuliers en ce qui a trait à la période de croissance, au nombre de jours jusqu’à la maturité et à la hauteur des plants pour une région donnée ou pour une technologie de culture donnée (Yao, 1994).

Composition chimique et valeur nutritive

Les fruits de l’argousier sont parmi les plus nutritifs et les plus riches en vitamines dans tout le règne végétal. Leur teneur en vitamine C varie de 360 mg/100 g de baies pour la sous-espèce européenne rhamnoides (Rousi and Aulin, 1977; Plekhanova, 1988; Wahlberg and Jeppsson, 1990, 1992; Yao et al., 1992) à 2 500 mg/100 g de baies pour la sous-espèce chinoise sinensis (Yang et al., 1988, Zhao et al., 1991; Yao and Tigerstedt, 1994). La teneur en carotène varie de 30 à 40 mg/100 g de baies (Bernath and Foldesi, 1992; Wolf and Wegert, 1993). La teneur en vitamine E peut atteindre 160 mg/100 g de baies (Zhang et al., 1989, Ma and Cui, 1989; Eliseev, 1989; Wahlberg et Jeppsson, 1990, 1992). Le fruit est également riche en flavonoïdes (vitamine P) antioxydant naturel puissant et contient des quantités appréciables de vitamines hydrosolubles et liposolubles (Zhang et al., 1989; Solonenko and Shishkina, 1989; Schapiro, 1989).

Les baies de l’argousier renferment jusqu’à 13 % de sucres solubles, composés principalement de glucose, de fructose et de xylose, ainsi que 3,9 % d’acides organiques, surtout l’acide malique et l’acide succinique (Ma and Cui, 1989). Elles sont également riches en protéines et en acides aminés. On a en effet trouvé 18 acides aminés dans les fruits (Zhang et al., 1989; Mironov, 1989) et pas moins de 24 éléments chimiques dans le jus : azote, phosphore, fer, manganèse, bore, calcium, aluminium, silicium et autres (Wolf and Wegert, 1993; Zhang et al., 1989; Tong et al., 1989).

Le jus et les graines renferment entre 2 et 8 % d’huile. L’huile du jus et de la pulpe est très riche en acides palmitique et palmitoléique (C16:0 et C16 :1), tandis que l’huile des graines contient des acides gras non saturés C18 (linoléique et linolénique). L’huile des graines et du jus contient également de la vitamine E et des carotènes (Bernath and Foldesi, 1992; Ma and Cui, 1989). Les acides gras présents dans les fruits, la pulpe et les graines qui ont été décrits par Ma and Cui (1989) sont présentés à la figure 2. Par ailleurs, les baies, les feuilles et l’écorce de l’argousier renferment de nombreux composés chimiques bioactifs dont le sitostérol et le tocophérol (Mironov, 1989).

Récolte dans les cultures d'argouses biologiques
Récolte dans les cultures d’argouses biologiques

Usages médicinaux

Les usages médicinaux de l’argousier sont bien connus en Asie et en Europe. Des recherches sur les usages médicinaux modernes ont été entreprises en Russie au cours des années 1950 (Gurevich, 1956; Akulinin, 1958). Des préparations d’huile d’argousier sont recommandées pour usage externe en cas de brûlures, de plaies de lit et d’autres irritations de la peau causées par l’alitement ou par les traitements aux rayons-X ou aux rayons ionisants (Zhang et al., 1988; Pentagova, 1983). En usage interne, l’argousier sert au traitement d’ulcères de l’estomac et du duodénum (Pentegova, 1983). Au Royaume-Uni et en Europe, les produits de l’argousier sont utilisés en aromathérapie (C. Wells, pers. com.). Selon les résultats de recherches menées vers la fin des années 1950 et au début des années 1960, la 5-hydroxytryptamine (hippophan) isolée de l’écorce de l’argousier a contribué à inhiber la croissance de tumeurs (Pukhalsskaia, 1958; Sokoloff et al., 1961). Plus récemment en Chine, des études cliniques sur les fonctions antitumorales des huiles d’argousier ont donné des résultats positifs (Zhang et al., 1989). L’huile et le jus de l’argousier ainsi que des extraits d’huile, de jus, de feuilles et d’écorce ont été utilisés avec succès pour le traitement de taux élevés de lipides dans le sang, certaines maladies des yeux, la gingivite et des maladies cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle et certaines coronopathies (Zhang et al., 1989; Wang, 1979; Liu et al., 1980; Ge et al., 1985). En 1977, l’argousier a été officiellement incorporé à la pharmacopée chinoise (Xu, 1994).

Produits de l’argousier

Depuis la découverte de la valeur nutritive de l’argousier, des centaines de produits et d’extraits ont été élaborés à partir des baies, des huiles, des feuilles et de l’écorce de cette plante. En Europe, on peut facilement trouver sur le marché des produits de l’argousier tels que jus, gelées, alcools, bonbons, comprimés de vitamine C et crèmes glacées (Bernáth and Földesi, 1992; Wolf and Wegert, 1993; Morzewski and Bakowska, 1960). L’argousier est également utilisé en Europe de l’Est comme colorant alimentaire et comme teinture pour les tissus (H. Albrecht, pers. com.). Parmi les autres exemples de produits commerciaux, mentionnons le Biodoat, vendu en Autriche, l’Éxsativa, un supplément vitaminique vendu en Suisse, le sirop à l’argousier (France), des alcools (Finlande) et l’Homoktovis Nektar, un produit à base de jus de pomme vendu en Hongrie. Des confitures et des gelées d’argousier sont produites à petite échelle en Saskatchewan (PFRA, 1992). La plupart de ces produits sont fabriqués et utilisés par des particuliers. Un établissement de produits de gastronomie de la Saskatchewan réalise des essais de commercialisation de gelée d’argousier (Bep Hamer, pers. com.).

À l’heure actuelle, les plus gros producteurs et consommateurs de produits de l’argousier sont la Chine, la Russie et la Mongolie. On trouve en effet dans ces pays de grandes usines de transformation, où sont élaborés une multitude de produits : huiles, jus, boissons alcoolisées, bonbons, crème glacée, thé, confitures, biscuits, comprimés de vitamine C, colorants alimentaires, médicaments, cosmétiques, shampooings, etc. (Lirkina and Shishkina, 1976; Pan et al., 1989; Huang et al., 1990; Wu, 1991; Niu, 1991).

En Russie, les plus importants produits de l’argousier sont les huiles et les extraits d’huiles, traités et vendus en tant qu’huiles essentielles pour divers usages médicinaux et thérapeutiques. Les boissons aux fruits ont été parmi les premiers produits de l’argousier élaborés en Chine, où il y a une forte demande et un accueil très favorable des consommateurs pour ces boissons. Elles ont vite acquis une grande popularité, à la fois pour leur goût et pour leur valeur nutritive, qui accroît la vitalité et l’endurance. Les jus à base d’argousier ont aussi la faveur des consommateurs allemands et scandinaves (H. Albrecht, pers. com.).

En Russie et en Chine, on utilise également l’argousier dans les cosmétiques. En Russie, les baies entrent dans la fabrication de produits cosmétiques faits à la maison. Les recettes de produits pour hydrater la peau et lutter contre les pellicules et la perte des cheveux y sont très bien connues et utilisées (Pashina, 1993). Les huiles d’argousier renferment un pourcentage élevé d’acide palmitoléique. Cet, acide aminé rare est un constituant des lipides de la peau qui favorise le renforcement des tissus cellulaires et la cicatrisation. L’industrie des cosmétiques reconnaît les propriétés exceptionnelles des huiles d’argousier pour lutter contre le vieillissement. Ces huiles deviennent des composants importants de nombreuses crèmes pour le visage fabriquées en Asie et en Europe. De plus, leur capacité modérée à absorber les rayons UVB fait de ces huiles de bonnes candidates pour la fabrication d’écrans solaires et de produits de bronzage. Les huiles d’argousier ont énormément de potentiel pour des applications dermatologiques, comme ingrédients dans les masques faciaux, les lotions pour le corps, les crèmes solaires et les shampooings. Des recherches cliniques et des activités de développement sont en cours en Europe et au Canada (C. Wells, pers. com.).

Valeur environnementale

L’argousier est une plante d’ornement attrayante avec ses baies de couleur orange vif et ses feuilles gris argenté. Les fruits, qui persistent tout l’hiver, ornent le jardin au cours de la saison froide. On l’utilise comme plante de jardin dans de nombreux pays européens ainsi que dans les Prairies canadiennes. Selon diverses observations et enquêtes, l’argousier attire de nombreux oiseaux et animaux qui s’en servent comme nourriture et comme refuge (Ma and Sum, 1986; PFRA, 1988; Salo, 1989). Dans les Prairies canadiennes, l’argousier constitue un habitat précieux pour le tétras à queue fine, la perdrix de Hongrie et le faisan (Schroeder, 1995).

Grâce à sa grande capacité d’adaptation, à sa croissance rapide, à son aptitude au recépage et au drageonnement, et à son pouvoir de fixation de l’azote, l’argousier a une grande valeur pour la conservation et l’amélioration des sols ainsi que pour la remise en culture de terres marginales. Des études ont démontré qu’en peuplements mélangés, l’argousier favorise la croissance des peupliers, des pins et d’autres espèces (Lei et al., 1983; Bai, 1984; Shi et al., 1987). Entre 1950 et 1985, l’argousier a été planté sur plus de 200 000 ha de terres en Chine pour favoriser la conservation des sols et de l’eau, ainsi que pour produire du bois de feu. Au Canada, en Hongrie, en Russie, en Roumanie et en Allemagne, l’argousier a servi à la bonification de terres incultes ou à la remise en état de zones d’exploitation minière.

Au Canada, l’argousier s’utilise pour améliorer l’habitat faunique, protéger les bâtiments et les terres agricoles, lutter contre l’érosion des sols, stabiliser les berges et remettre en état les zones d’exploitation minière (Schroeder, 1990). À Indian Head, le Centre des brise-vent des Prairies de l’ARAP pratique la culture de l’argousier depuis de nombreuses années. Plus d’un million de jeunes sujets ont été plantés dans les Prairies depuis 1982 (figure 3). Dans les plantations, on trouve des argousiers sous forme d’arbustes ou de petits arbres. L’argousier est l’une des espèces ligneuses les plus rustiques et les plus fiables utilisées dans les programmes de conservation des Prairies (Schroeder, 1988).

La plantation d’arbres est un volet important des programmes d’amélioration de l’habitat faunique dans les Prairies canadiennes (PFRA, 1988). Elle procure à la faune une alimentation appréciable ainsi que des abris contre le froid et les dangers. Les types de plantations sont la plantation en rangs multiples, qui joue le rôle de brise-vent en bordure des champs, l’extension de bosquets existants ou la plantation par bouquets. Un bon exemple d’utilisation massive de l’argousier pour la préservation de la faune est le projet de mise en valeur des espèces sauvages dans les environs d’Estevan en Saskatchewan. Amorcé en 1989, ce projet prévoit la végétalisation de 5 000 acres de terres agricoles à l’aide de graminées, d’arbres et d’arbustes. Au total, 50 000 argousiers ont été plantés dans le cadre du projet. À Rafferty, le nombre de sujets s’est considérablement accru par drageonnement. Il s’agit là du plus important peuplement d’argousier en Amérique du Nord. Les populations d’animaux sauvages, en particulier celles du gibier à plumes et des oiseaux chanteurs, se sont accrues de façon considérable depuis le lancement du projet de mise en valeur. Les oiseaux chanteurs privilégient l’argousier pour la construction de leurs nids, tandis que le gibier à plume des hautes terres y trouve un excellent refuge.

Les haies brise-vent constituent un élément important de l’agriculture dans les Prairies canadiennes. Ces rideaux à rangs multiples modifient le climat autour des bâtiments de ferme, réduisent les dépenses de chauffage, atténuent le bruit, filtrent les polluants et attirent des espèces animales bénéfiques. L’argousier est planté dans le rang extérieur des haies brise-vent implantées autour des exploitations. En hiver, l’espèce retient bien la neige, attire les animaux et offre une bonne source de fruits pour la fabrication de confitures et de gelées. En 1995, 59 000 argousiers ont été plantés dans des haies brise-vent autour d’exploitations, soit l’équivalent d’un rang unique d’une longueur de 70 kilomètres.

Dans les Prairies canadiennes, quelque 1 000 kilomètres de haies brise-vent sont implantées chaque année pour prévenir l’érosion des sols et modifier le microclimat. Ces brise-vent protègent le sol et augmentent le rendement des cultures. L’argousier est l’une des espèces utilisées dans le rang extérieur des brise-vent à rangs multiples ainsi que dans les brise-vent à rang simple. L’argousier fournit un habitat précieux pour les espèces sauvages et une protection contre l’érosion des sols. En 1995, 78 000 argousiers ont été plantés dans des haies brise-vent à rangs simples et à rangs multiples, soit l’équivalent d’un rang d’arbres d’une longueur de 94 kilomètres.

Faisabilité de la culture de l’argousier en Saskatchewan
L’argousier est bien adapté aux conditions des Prairies canadiennes. On l’utilise depuis de nombreuses années dans les haies brise-vent et comme plante d’ornement. Selon les résultats de recherches menées sur les plantations d’argousier en Saskatchewan, l’espèce peut potentiellement se prêter à la culture commerciale. La récolte fruitière de l’argousier dans les brise-vent varie de bonne à excellente, certains plants produisant de 5 à 7 kilogrammes de baies par an, ce qui correspond à 4 à 5 tonnes par hectare. En Saskatchewan, on estime à plus de 250 000 le nombre d’argousiers qui produisent une récolte, laquelle peut potentiellement atteindre 750 000 kilogrammes de fruits par an. Les plantations sont constituées en moyenne de 150 à 300 arbres, utilisés surtout pour la protection des exploitations agricoles, la lutte contre l’érosion des sols et la protection des habitats fauniques. La plus importante plantation est située près d’Estevan. Elle comprend environ 25 000 argousiers qui produisent une récolte de baies. Il n’existe pas pour l’instant de vergers commerciaux d’argousiers dans les Prairies.

Une analyse des coûts de production a été réalisée pour une plantation d’argousiers de 10 acres. Cette analyse était fondée sur un rendement potentiel de six kilogrammes de baies par arbre, des techniques de récolte manuelles et l’absence d’irrigation. Selon ces hypothèses, les coûts de production s’élèveraient à 1,05 $/lb au bout de sept ans, une fois la production stabilisée. Ces coûts se comparent avantageusement avec ceux déclarés (1,42 $/lb) pour la production de baies d’amélanche récoltées à la main. La différence de coût tient au fait que l’argousier a des rendements beaucoup plus élevés que l’amélanchier et qu’il requiert moins d’intrants (aucune irrigation). Le premier facteur de coût dans la production fruitière est la récolte manuelle, évaluée à 0,75 $/lb.

Plusieurs entreprises canadiennes et internationales ont exprimé un intérêt pour la production et la transformation de l’argousier en Saskatchewan. On estime à 10 000 kg par an la demande potentielle d’huiles transformées d’argousier en Amérique du Nord, ce qui équivaudrait à une récolte annuelle d’environ 1,5 millions de kilogrammes de fruits. Des essais de mise en marché de gelée d’argousier en Saskatchewan ont créé une demande intéressante pour ce produit, surtout lorsqu’on en faisait valoir les qualités nutritives. L’étude de marché pour la culture spéciale de petits fruits, qui a été commandée par le Programme agricole des autochtones de la Saskatchewan (SIAP), évaluait le marché potentiel des produits de l’argousier (SIAP, 1994). Le rapport estime la demande européenne à 75 000 kg de fruits. L’étude conclut que le marché européen offre un potentiel intéressant à long terme en raison de problèmes d’approvisionnement et de qualité en Europe. Les responsables du SIAP signalent que la demande actuelle de produits d’argousier surpasse l’offre.

L’entreprise Canada Sea-Buckthorn Ltd. a réalisé une étude de faisabilité de la culture de l’argousier sur 200 acres de terres en Saskatchewan (C. McLoughlin, pers. com.). Selon les résultats de l’analyse du marché, il y aurait lieu de mettre l’accent sur des produits de transformation comme les boissons pour sportifs fabriquées avec le jus des fruits, de tisanes faites à partir des feuilles et d’huiles essentielles extraites de produits résiduels, comme les graines et la pulpe des fruits. Essentially Oils Ltd., une entreprise du Royaume-Uni qui vend ses produits sur le marché européen, s’est dite intéressée à étendre son programme de commercialisation des huiles essentielles au marché nord-américain (C. Wells, pers. com.). Essentially Oils Ltd. obtient actuellement un prix de 200 $/kg sur les marchés pour l’huile d’argousier qu’elle distribue. La recherche menée par l’entreprise montre un excellent potentiel de croissance pour le secteur dans la création de produits cosmétiques et de soins pour les animaux de compagnie.

De nombreux facteurs favorisent l’établissement d’une industrie de la production et de la transformation de l’argousier en Saskatchewan : sols et conditions climatiques propices à la production de fruits de bonne qualité et riches en éléments nutritifs, disponibilité de terres à des coûts raisonnables pour l’établissement de vergers, accessibilité à des sources d’eau potable pour la transformation, présence d’installations, disponibilité d’une expertise dans l’extraction des huiles et les technologies de transformation (usine pilote en Saskatchewan) et engagement du gouvernement, des producteurs et de l’industrie à établir des entreprises à valeur à joutée diversifiées.

Des contraintes immédiates devront être surmontées avant qu’on ne puisse établir des industries de la production et de la transformation viables en Saskatchewan. En effet, en Europe de l’Est, en Russie et en Asie, les technologies de production s’appuient sur un large bassin de main-d’œuvre bon marché. L’industrie saskatchewannaise devra donc se doter de méthodes de gestion et de récolte efficaces et rentables pour assurer sa compétitivité. Aucune variété améliorée n’a encore été créée pour les conditions de cette province. Il faut entreprendre un programme d’amélioration axé sur les rendements, la production de variétés sans épines, les teneurs en nutriants et en huiles, et l’aptitude à la récolte. Dans l’immédiat, l’approvisionnement en baies d’argousier pour la transformation devra provenir des haies brise-vent et des plantations établies pour la faune. Comme ces plantations sont réparties sur tout le territoire de la province, il faudra beaucoup d’efforts pour coordonner la cueillette des fruits à grande échelle jusqu’à ce que les vergers deviennent productifs. Il faudra travailler au développement de produits : jus, boissons pour sportifs, gelées et autres, et procéder ensuite à des essais de commercialisation. Quels que soient les produits développés, il y aura lieu d’en faire valoir les qualités nutritives et les effets bénéfiques pour la santé.

Les Nord-Américains ont toujours eu une certaine méfiance à l’égard de la médecine traditionnelle et des remèdes naturels pour le traitement des maladies. Toutefois, on assiste à un changement d’attitude et à une acceptation croissante de la médecine traditionnelle. Si des essais cliniques peuvent démontrer l’efficacité de remèdes populaires, l’acceptation du public ne devrait pas poser de difficulté. Il conviendrait cependant de mener des études cliniques en Amérique du Nord pour confirmer les propriétés médicinales et nutritionnelles de l’argousier.

Conclusion

L’argousier est source de nombreux produits aux propriétés exceptionnelles très appréciés des Eurasiens mais encore relativement peu connus des Nord-Américains. De plus en plus de produits végétaux spéciaux et exotiques gagnent la faveur de ces derniers, en particulier les produits dont on a pu démontrer les qualités nutritives et les bienfaits pour la santé. L’industrie privée, à l’extérieur de la Saskatchewan et de l’Amérique du Nord, s’est montrée fort intéressée au développement d’une industrie de l’argousier en Saskatchewan, laquelle est promise à un bel avenir. Le contexte offre d’excellentes possibilités de création d’un marché nord-américain pour les produits de l’argousier et d’exportation vers l’Europe et l’Asie, où la demande actuelle pour ces produits surpasse l’offre. La Saskatchewan a une occasion exceptionnelle de devenir un chef de file nord-américain dans la production et la transformation de l’argousier.

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One Reply to “L’argousier – Une culture polyvalente et prometteuse”

  1. L’argousier est un fruit exceptionnel ! Je l’ai mis en culture dans la vallée de la Durance depuis plus d’une dizaine d’année. Je développe un gamme très large de produit que je propose sous la marque NATVIT.

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